Monsieur le Président,
Cher(e)s collègues,
Un débat a eu lieu en Commission pour resituer l’enjeu “emplois” au 1° niveau des modalités d’applications de ces conventions telles que nous les avons définies par délibération le 28 juin dernier. Et à l’issue de la discussion, il a été convenu d’avoir sur la question un état des lieux des six entreprises concernées, afin que chacun des 6 comités de suivi puisse évaluer et nous informer année après année de l’efficacité des fonds débloqués par la CUMPM, et se réserver un droit à être remboursé dans le cas où l’évolution des projets s’éloignerait des visées fondatrices.
Les rectificatifs du rapport et des six conventions d’application apportent une première évaluation. Nous nous en félicitons.
Mais, dans un contexte de crise durable où les salaires et l’emploi payent la facture pour maintenir les chiffres d’affaires, les bénéfices et les dividendes, le niveau d’exigence et le suivi doivent être à la hauteur.
Deux exemples pour illustrer mon propos :
1°) Le plus gros bénéficiaire de ce dispositif n’est autre qu’Eurocopter – 13.500 salariés et 3,2 Milliards de chiffre d’affaires – au regard duquel les 100.000 euros de financement apporté par Marseille Provence Métropole semble bien dérisoire. Et pose même une question : Les montants de participation de MPM aux six entreprises concernées s’appuient sur une assiette de dépenses Recherche et Développement. La fourchette de participation varie de 20% à 50% pour cinq entreprises. Elle est de 85% pour Eurocopter.
Autrement dit, c’est en direction de l’entreprise qui dégage le plus gros chiffre d’affaires que MPM fait le plus gros effort de participation.
Et tout cela pour quel résultat escompté ? Je cite : “permettre à l’entreprise de réaliser des gains de productivité sensibles” ! Pourquoi pas ? Mais à qui vont profiter ces gains de productivité dont la partie Recherche et Développement est financée à 85% par de l’argent public ? Aux actionnaires, aux salariés, à l’emploi ? Si ce n’est pas pour l’emploi notre financement n’a pas de sens et rentre même en contradiction avec les critères d’interventions que nous avons votés en juin.
Or, j’attire votre attention sur le fait qu’il n’y a aucune prospective de création d’emplois concernant la convention signée avec Eurocopter.
2°) Moteurs Baudoin est une autre entreprise bénéficiaire de notre financement. On connaît la situation : un carnet de commande plein, mais en dépôt de bilan. Soit quelques semaines de répit pour trouver un partenaire ou repreneur en recapitalisation. A la clé 125 emplois directs plus une soixantaine en sous-traitance.
Il n’est pas question ici de polémiquer sur ce dossier, mais de s’interroger :
1) Qu’adviendra-t-il en avril, si personne ne s’est manifesté ou si un partenaire pose comme condition la réduction des emplois ? Les Collectivités Territoriales, l’Etat, MPM, la Ville de Cassis impliquée dans la transition Diebold/Moteurs Baudoin l’accepteront-ils ?
2) Sachant que celui qui a fait défaut aux Moteurs Baudoin, en septembre, pour cause de tourmente financière n’est autre que le Groupe Fortis, racheté par BNP Paribas, qui elle-même a touché 10 Milliards d’euros au fonds de garantie des banques ouvert par le Gouvernement, comment se fait-il que le robinet du crédit ne soit toujours pas rétabli pour stabiliser la situation des Moteurs Baudoin ?
Tout ne dépend pas de nous. C’est évident. Mais il serait complètement contreproductif de soutenir des pôles de compétitivité tout en laissant un tissu économique se fragiliser et reculer dans sa dimension industrielle.
A l’instar du dossier Net Cacao, où des incertitudes planent sur la pérennité des 185 emplois. Les engagements et le suivi de la convention signée en juillet 2006 en matière de créations d’emplois sur le Site Nestlé sont très loin d’être réalisés 28 mois après. De ce point de vue il est temps d’ exiger du Préfet le respect de cette convention, ce qui nécessite sa prorogation en Juillet prochain. Une démarche qui devrait faire consensus de toutes les collectivités partenaires du comité de pilotage.
Une dernière remarque pour conclure, ces pôles de compétitivité reposent sur une synergie de projets associant laboratoires publics et entreprises privées. Il serait donc utile que nous ayons connaissance de l’ensemble du dispositif des financements des projets collaboratifs.
Christine ORTIZ