CONSEIL DE LA MÉTROPOLE
SÉANCE DU JEUDI 15 DÉCEMBRE 2017

 

Monsieur le Président, Cher(e)s Collègues,

Je voudrais faire plusieurs remarques sur cet agenda de la mobilité.

C’est un travail sérieux, qui cherche à articuler les réalisations et les options des plans de déplacements urbains des territoires avec la nécessaire construction d’un réseau de déplacements interurbains.

Sérieux, mais peut-être un peu trop rapidement mené dans le cadre des groupes de travail des maires.

On peut en effet regretter qu’aucune instance n’ait été saisie d’un avant projet, pour prendre le temps d’une analyse dans sa globalité et d’une discussion pour l’améliorer.

On comprend bien le caractère vital et urgent de l’accès à une vraie mobilité métropolitaine.

Mais, c’est la deuxième fois en 6 mois qu’on nous propose de délibérer dans la précipitation, au motif d’être éligible aux financements de l’Etat.

En juin avec le Pacte de Gouvernance Financier et Fiscal – sans résultats palpables à ce jour, hormis les 12 petits millions d’euros sur 4 ans pour une liste de projets innovants, qui ne compensent en rien la rétraction continue des dotations, malgré les promesses de financements des premiers ministres successifs.

Et aujourd’hui avec cet agenda déjà présenté au gouvernement avant délibération, avec pour résultat -si j’ai bien compris- la promesse de déléguer une mission d’inspection…

Comme si l’Etat n’avait pas déjà mandaté pendant trois ans sous l’autorité du préfet Théry, une mission interministérielle pour le projet métropolitain, qui a produit un livre blanc très complet, argumenté et chiffré sur les déplacements.

Peut-être notre collègue vice-président a t-il voulu avancer vite pour déposer un dossier auprès du gouvernement, par crainte d’une alternance tournée vers une saignée radicale de la dépense publique.

J’en reviens au projet, pour faire quatre observations :

La première concernant la mise en place d’un réseau de bus interurbains dans l’attente d’un véritable réseau alternatif par les voies ferrées.

L’ouverture de voies dédiées sur les axes autoroutiers est une proposition que les élu-e-s communistes et partenaires avaient soutenue lors de l ‘élaboration du premier PDU de la communauté urbaine en 2005. Sans être entendu.

Donc acte.

Mais il faut bien se mettre d’accord sur la temporalité de cette mesure.

Puisque l’ouverture de voies dédiées sur les autoroutes est soumise à autorisation de l’Etat, elle doit s’accompagner d’un calendrier contractuel à l’horizon 2030 avec ce même Etat, sur les projets et les financements nécessaires à la modernisation alternative du réseau ferré métropolitain.

Sinon, ce n’est pas demain la veille que nous réduirons sensiblement le tout routier et ses conséquences économiques et sanitaires.

Deuxième observation qui mérite d’approfondir la cohérence de notre approche :

L’agenda inscrit sur Marseille deux projets de transports en site propre sur les quartiers en surplomb du vieux port.

Un téléphérique vers Notre Dame de la garde et un tramway de la préfecture à la place du 4 septembre. C’est somptueux, mais très franchement est-ce bien prioritaire pour l’un et faisable pour l’autre ?

Examinons lucidement les choses.

 

1°) L’offre de transports « touristique » fait partie des réponses indispensables. Mais on ne peut pas dire qu’aujourd’hui le cœur de ville de Marseille soit dépourvu d’une offre conséquente en matière d’accès par les Transports Collectifs et les modes doux.

Sans compter la question esthétique que poserait une telle réalisation.

2°) S’agissant d’une 4° ligne de tramway de la préfecture à la place du 4 Septembre, le problème est bien plus épineux.

En effet, on ne peut pas avoir requalifié la voirie du vieux port en reportant les flux automobiles sur les rues alentours et en faisant de l’axe Corderie-Corse une voie majeure de délestage vers les tunnels et vouloir aujourd’hui y faire circuler un tramway en site propre.

3°) Les deux réalisations vont mobiliser entre 100 et 200 millions d’euros. Pour un centre ville qui n’est pas le moins bien loti en matière de TCSP.

Très franchement, ne serait-il pas plus utile d’inverser la logique, en cherchant d’abord les jonctions vers la périphérie ?

L’hôpital Nord par exemple, l’aéroport ou le prolongement du tramway Noailles-Caillols vers la nouvelle gare de la Barasse pour rejoindre ensuite le tramway du Pays d’Aubagne qu’on va étendre jusqu’à la BouIlladisse.

Troisième observation sur ce projet d’agenda de la mobilité :

Il veut répondre aux besoins de déplacements des habitants, des touristes, des entreprises et des commerces.

Soit. Mais qui dit commerces et entreprises dit marchandises et livraisons.

Pour le dire franchement, le document nous paraît faible sur le sujet. Car la congestion automobile des axes routiers et des centres villes vient aussi de l’absence de réponses adéquateS en matière de fret et de livraisons au dernier kilomètre.

Enfin dernière observation :

Elle concerne l’équilibre budgétaire annuel du fonctionnement d’un réseau métropolitain.

D’abord pour constater ce que nous disons depuis 15 ans : une fois déduits les recettes tarifaires et le produit du versement transport, la métropole ne contribue qu’à hauteur de 7,5% des dépenses annuelles. C’est probablement la plus faible contribution au service public des transports des métropoles de France.

Ensuite pour dire notre préoccupation quant à l’hypothèse budgétaire alternative proposée pour 2025 : + 4% du volume des recettes des usagers ; + 2% de la contribution de la collectivité ; – 6% pour la part versée des entreprises.

Autrement dit : on en demande pas plus aux entreprises, services et commerces et on compense surtout par une augmentation tarifaire pour les usagers. Certainement la fin des gratuités.

Pour nous c’est le mouvement inverse qu’il faut mettre en œuvre. Et je rappelle que nous avons fait des propositions en ce sens lors du débat d’orientation budgétaire.

Car il serait souhaitable de voir enfin la réalité en face : le réseau qui a décuplé sa fréquentation est celui où depuis 7 ans l’accès est gratuit. Celui du Pays d’Aubagne et de l’Etoile.

C’est donc en élargissant l’offre de transport et la gratuité d’accès qu’on a le plus de chance d’arriver sur tout le territoire à un basculement des modes de déplacements de la voiture vers les TCSP en particulier et une qualité de vie urbaine plus respirable.

Voilà ce que nous voulions souligner sur ce projet un peu trop précipité.

Mais nous ne doutons pas qu’il puisse être amélioré.

 

Marc Poggiale

 

 

Approbation de l’Agenda de la mobilité métropolitaine

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